Plusieurs nouvelles composent cette « Promesse du lendemain », on retrouvera entre autres un fonctionnaire, un médecin, un enfant placé dans des situations étranges.
Un guichetier de la poste est observé par une jeune femme, mystérieuse, elle lui fait des petits signes et des sourires. Malaise, gêne, agacement et finalement curiosité quand celle-ci n’est plus là.
Un médecin appartenant à une ONG qui fuit une embuscade se retrouve dans un village perdu. Il va découvrir une nouvelle façon de vivre avec les autochtones, vie où le temps n’a plus cours.
Dans ces textes, il y a la découverte de l’autre, hostilité ou incompréhension du monde. On essaye de comprendre, on accepte ou l’on refuse la situation, mais la frontière est mince. Un brin mystérieux, à la limite du fantastique. Les personnages sortent de leur sphère de confort pour se confronter à un élément qui va les perturber : une inconnue, un peuple, un amour.
« Il ne se rappelle pas depuis combien de temps. Dans son univers, il n’a pas conscience de ce qu’il perd. Mais avoir ou ne pas avoir, cela ne fait pas grande différence, finalement. Dans ce monde, on peut exister sans vraiment être là. »
On sent la réalité du narrateur déraper plus ou moins brutalement pour se confronter à des situations de malaise, d’interrogations. On ressent une force dans chaque narrateur prêt à sortir, à se faire entendre. Mais le poids de ce qui entoure les narrateurs paraît assez oppressant, que ce soit l’atmosphère, les autres ou les évènements.
Nouvelles, dont l’écriture est empreinte de poésie, d’agissement du quotidien. Ces petits textes ne sont pas situés géographiquement et donnent une impression de malaise, d’isolement, de décalage. Mais malgré ces qualités, cette « Promesse du lendemain » ne sera pas mon préféré de Hitonari Tsuji.
Extraits :
- Dans cette ville, on ne pouvait pas se cacher. Et ce que l’on ne pouvait pas cacher suintait des murs délabrés avant de se répandre dans les rues.
- — Il y a beaucoup de monde dans ce restaurant. Tu vois, là-bas, ce couple d’âge moyen ?
Il tourna la tête. L’homme et la femme, heureux, souriaient.
— Ne dirait-on pas un tableau ? murmura-t-il.
Elle secoua la tête.
— Il y a une ombre au tableau. Leur couple n’existe sans doute pas depuis plusieurs dizaines d’années. Ils ont une famille chacun de leur côté, mais cela ne leur a pas suffi. Ils ont trouvé à l’extérieur de quoi combler leurs frustrations. Cette félicité conjugale n’est qu’une façade derrière laquelle ils filent discrètement le parfait amour.
Il lui demanda tristement pourquoi elle ne pouvait pas imaginer autre chose que des malheurs. Elle nia :
— Le monde n’est pas, comme tu le penses, un assortiment d’amours dans une petite boîte dorée. C’est plus complexe que cela. Je crois que le véritable amour s’accompagne toujours d’obstacles. C’est tout ce que je voulais te dire.
Divers :
- Titre original:太陽待ち, 2001
- Edition Phébus, 2007
- Traduit du Japonais par Yutaka Makino
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Ta critique m’a rendue assez curieuse. Je ne suis pas certaine de me lancer dans cette lecture puisque tu affirmes que ce n’est pas ton préféré de cet auteur mais je me le note dans un coin, sait-on jamais… Quel livre de Hitonari Tsuji conseillerais-tu à quelqu’un -comme moi- qui ne le connaît pas ?
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