Le restaurant de l’amour retrouvé de Ito Ogawa

Le restaurant de l'amour retrouvé de Ito Ogawa
Le restaurant de l’amour retrouvé de Ito Ogawa


L’incipit de ce roman démarre  de cette façon « Quand je suis rentrée à la maison après ma journée de travail au restaurant turc où j’ai un petit boulot, l’appartement était vide. Complètement vide. La télévision, la machine à laver et le frigo, jusqu’aux néons, aux rideaux et au paillasson, tout avait disparu. » Cette jeune femme qui rentre chez elle, en perd la voix, son amoureux indien est reparti (En Inde ?) en emportant pratiquement tout, il laisse une jarre de saumure qui appartenait  sa grand-mère….

 Mais évidemment toute cette cuisine donne faim. Elle est en symbiose avec les aliments : figue, les grenades, les navets enfouis sous la neige… Toutes les comparaisons sont en rapport avec les aliments ( « ses bottes .. étaient briqués, luisantes comme le ventre d’un thon sur les étals du marché aux poissons », ou « C’était comme si la terre entière avait été plongé dans un pot de miel géant »,  « Était-ce l’oignon qui me piquait les yeux ou le souvenir de mon amoureux qui me pinçait le cœur ? Je n’en savais rien moi-même. Mais de grosses larmes, aussi grosses que les œufs pondus par les tortues marines sur les plages, roulaient sur mes joues avant de tomber », Beaucoup d’humour, d’émotions  et de poésie qui accompagne la lecture.  Une de ses spécialités d’ailleurs est de pouvoir accommoder tous les sentiments par des plats spéciaux, relevant les émotions et les sentiments enfouis « traduire l’éventail des émotions avec des plats très sucrés ou très épicés »  : afin d’apporter du bonheur. 

Au Menu du restaurant de l’Escargot, on trouvera :  Curry  la grenade, Kimpira de champignons matsutake, tofu au sésame, soupe de légumes-racines, un chawan-mushi, Cocktail à la liqueur de matabi, Pomme en saumure, Carpaccio d’huîtres et d’amadai, Samgyetang de poulet de Hiani entier au Shôchû, Risotto de riz nouveau à la pourtague, Selle d’agneau rôtie et champignons sauvages sautés à l’ail, Sorbet de yuzu, … et waïwaï-don, omelette tamagoyaki

Un livre résolument optimiste, Rinco par sa force et son courage va dépasser tous les écueils, bon je suis un peu dubitatif, sur l’énergie que possède cette petite femme suite  sa rupture,  et j’ai parfois trouvé que les descriptions étaient un peu trop insistantes et de précisions inutiles, dans les recettes. Mais ce ne sont que des petits détails insignifiants. Et la fin du roman que je ne dévoilerais pas est plein d’émotions. L’écriture est simple, facile, et la poésie qui va accompagner chacun de ses plats va les sublimer. Car malgré les jours tristes et les contrariétés, il y a plein de bonnes choses  faire : tel croquer la vie à pleines dents.

Personnages

  • Kuma : L’aide de Rinco, complètement dévoué à sa mère et sa fille
  • Rinco : La jeune narratrice, qui ne supporte pas son prénom, et qui a perdu la voix suite  une séparation
  • Hermès : la truie
  • Néocon : l’amant de la mère de Rinco, le PDG de Negishi Tsuneo Construction, une entreprise à la réputation locale
  • Ruriko : la mère de Rinco
  • Shûichi : Le premier et seul amour de Ruriko   

Extraits :

  • Ce n’était pas quelque chose que l’on m’avait appris et je ne savais d’ailleurs pas exactement quand j’avais commencé à le faire, mais avant de cuisiner, je suivais toujours le même rituel. J’approchais mon visage, mon nez, des aliments, j’écoutais leur « voix ». Je les humais, les soupesais, leur demandais comment ils voulaient être cuisinés. Alors, il m’apprenaient eux-mêmes la meilleur  façon de les accommoder p40
  • La nuit pesait lourd , collait  ma peau comme une holothurie visqueuse. J’avais l’impression de m’enfoncer peu  peu, en commençant par le bout des doigts, dans une gelée de haricots rouges poisseuse. P98 
  • À ce moment-là, après une séparation et une rencontre aussi soudaines qu’un tsunami, le fait de simplement vivre me demandait chaque jour un terrible effort physique et psychologique, mais quand j’y repense, ces journées me semblent uniques, proches du miracle.
  • Grâce à ta cuisine, tu peux donner du bonheur aux autres.
  • Je m’étais juré de ne pas lui ressembler et je menais une vie frugale, à son opposé. C’était comme un jeu de Reversi sans fin : la fille s’acharnait à badigeonner de noir les zones peintes en blanc par sa mère, que la petite-fille à son tour s’appliquait à repeindre en blanc.
  • Entre ma mère et moi s’élevait une muraille faite de dix années accumulées, si haute que le sommet en restait invisible.
  • On aurait dit une ville de province de jadis, assoupie au fond de l’eau, où le temps s’était arrêté. Les néons du supermarché Yorozuya clignotaient comme des appareils de réanimation.
  • À l’exception de mon amoureux, il m’est impossible de regarder en face quelqu’un manger un plat préparé par mes soins. Pour moi, cet acte est encore plus tétanisant que de me faire longuement examiner à la loupe l’intérieur du sexe ou la pointe des seins.
  • L’être humain ne peut pas avoir le cœur pur en permanence. Chacun recèle en lui une eau boueuse, plus ou moins trouble selon les cas.

à propos de l’auteure

Ito Ogawa ( Ogawa Ito小川 糸? )(1973- ) est un écrivain japonais. Diplômé de Daigaku Seisen en  littérature classique japonaise. Elle a fait ses débuts en tant qu’écrivain en 1999 avec « Curry et funérailles privées », écrit aussi des chansons , est un membre de la bande Fairlife ; Son pseudonyme musical est Shunran. En 2007 , la maison d’édition Kodansha a publié un livre illustré de ses poèmes . En Janvier 2008 ,  sort son premier roman Shokudo Katatsumuri ( translittération de食堂 か た つ む り- traduit littéralement signifie :  » Le restaurant escargot  » ). Le roman a reçu le prix du décrochage alimentaire En 2011 sortie en 2012 , le recueil de nouvelles Le dîner d’adieu.  Le site officiel d’Ogawa Ito est consultable ICI

Divers:

  • Parution 2008 Shokudo Katatsumuri (translittération de食堂 か た つ む り- traduit littéralement signifie :  » Le restaurant escargot  » )
  • Titre Anglais : Restaurant of Love Regained
  • Edition : Picquier Philippe, 2013
  • Traduction : Myriam Dartois-Ako
  • Ebook : 4.2 heures de lecture, 23 minutes par session, 741 pages tournées, 2.9 pages par Min env.
  • Note : ***** (4/5)  

9 réflexions sur « Le restaurant de l’amour retrouvé de Ito Ogawa »

  1. Je suis très contente de tomber sur cet avis car ce livre n’est pas très présent sur la blogosphère. Il m’avait pourtant tapé dans l’oeil il y a quelques temps et il va bientôt voyager jusqu’à moi. J’ai hâte de le lire.

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  2. malgré un style un peu léger, ce livre m’a enchantée par sa douceur,..une « dégustation » agréable, la cuisine comme mode d’expression ou comme thérapie..

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  3. *Spoiler alert*
    J’ai bien aimé l’atmosphère du livre, jusqu’à ce que Ruriko tombe malade, qu’elle retrouve son amoureux, etc. J’ai trouvé ça un peu gros.
    Et puis tuer le cochon pour le mariage…

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