Une histoire des abeilles de Maja Lunde

Une histoire des abeilles

Trois moments dans notre relation avec les abeilles, en Angleterre 1852 avec William le début de l’apiculture et les premières ruches.  2007 aux Etats Unis dans l’état de l’Ohio, George, apiculteur qui souhaite que son fils reprenne son exploitation mais se trouve menacé par l’inquiétante disparition des abeilles. Puis la Chine, dans le Sichuan en 2098 où Tao passe ses journées à polliniser la nature manuellement.

Le petit récipient en plastique était rempli d’un or vaporeux minutieusement pesé et distribué également à chaque d’entre nous tous les matins. Je plongeai le plumeau dans le bac et disséminai cette précieuse poudre autour de moi. Chaque fleur devait être pollinisée à l’aide de la balayette en plumes de poule, des poules de laboratoire conçues spécifiquement pour cet usage, car l’efficacité de leur plumage était supérieure à celle de n’importe quelle fibre artificielle.

Roman, fiction ou réalité, mais récit qui nous entraîne sur trois continents à trois époques différentes. Trois volets d’histoire sur notre relation avec les abeilles depuis les débuts avec les naturalistes, ces hommes éclairés qui nous apportèrent les premières connaissances du monde naturel. On trouvera une référence à l’abbé Langstroth dont sa ruche est toujours utilisée. La deuxième période est celle de l’exploitation massive de l’abeille par l’homme – l’auteure nous mentionne les transhumances et aussi le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles CCD, notre réalité en 2007.

Puis la Chine, en 2098, on suppose qu’il y ait une crise alimentaire mondiale due à la disparition des insectes pollinisateurs, les villes sont désertés la grande majorité de la main-d’oeuvre est occupée à polliniser les fleurs des arbres fruitiers.

Rien ne ressemblait au souvenir que je gardais de cette ville autrefois bruyante et grouillante d’activité. La plupart des maisons étaient à l’abandon, les rues, désertes. Il ne semblait plus y avoir ici aucun moyen de subsistance. Tout cela était sans doute dû au fait qu’on avait forcé une grande partie de la population à s’installer dans des régions où l’agriculture requérait une main-d’œuvre importante. A présent, telle une personne âgée s’acheminant vers la mort, Beijing déclinait un peu plus chaque jour.

Le roman me semblait être dystopique mais, il est proche de la réalité, le tableau brossé des années 2098 en Chine, est déjà une réalité dans certaine exploitations.

L’auteure met en avant la CCD colony collapse disorder, disparition des abeilles qui peut être attribué aux pesticides systémiques. Mais elle ne mentionne pas de nombreux autres facteurs aggravants dont certains dus à la mondialisation. Les échanges économiques entre continents nous ont amenés en Europe, des prédateurs tels le frelon asiatique, et un acarien parasite venu également du Sud-Est Asiatique le Varroa,

La gestion des ressources et du comportement agricole est aussi à mettre en cause. Les monocultures sur des centaines d’hectares, l’utilisation de pesticides, insecticides, les semences enrobées, … Tous ces produits qui sont également nocifs pour les humains, mais les études douteuses réalisées par les industriels assurent le ‘non danger’. Une destruction programmée par les lobbies industriels pour conforter leurs profits et l’accaparement des ressources naturelles via des brevets.

La mainmise et le contrôle que certains désirent avoir sur l’environnement, les pousse à jouer sur la génétique, la sélection des abeilles afin de les rendre plus productive, plus douce, moins essaimeuse : eugénisme apicole … La responsabilité est multiple.

Je m’emporte un peu, mais je vous engage à lire  ‘Une histoire des abeilles’, qui vous fera découvrir des passionnés d’apiculture, le tableau qui est brossé est sombre mais avec une note d’espoir en fond. Donc tout n’est pas encore perdu.

Un roman qui se lit très vite, qui n’est pas réservé aux spécialistes des abeilles et que je recommande aux amoureux de la nature, de l’écologie, des usagers de la consommation durable.

Un grand remerciement à  Babelio et aux éditions Presses de la cité pour ce partenariat.

Divers :

  • Titre original : Bienes Historie
  • Traduit du Norvégien par Loup-Maëlle BESANÇON
  • Editeur : Presses de la Cité, 2017

2 réflexions sur « Une histoire des abeilles de Maja Lunde »

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