Je sors un peu de ma zone de prédilection en lisant Simone de Beauvoir, mais avec un certain plaisir. Plusieurs nouvelles ou récits composent ce roman. Mais ces récits ont en commun des portraits de femmes amoureuses.
Il met en scène de façon différente une crise existentielle, crise du couple essentiellement. Un point commun semble être l’usure du temps. Temporalité différente ou un chronos ressenti différemment entre les époux. Pour le mari, combattre l’inéluctable et pour l’épouse l’accepter. C’est peut-être l’amour qui fiche le camp, la jeunesse, la créativité, ou le goût de vivre qui semble disparaître qui entraîne à d’autres aventures.
La nature des choses au sein du couple engendre un néant que raconte chacune de ces femmes. L’écrivaine ne juge pas les hommes ni la société. Elle narre, observatrice féminine de la délition de ces couples. Et ce qu’elle narre est d’une grande noirceur, violence,
Quand je vais trop mal, quand ça devient intolérable, j’avale de l’alcool, des tranquillisants ou des somnifères. Quand ça va un peu mieux, je prends des excitants et je me jette dans un roman policier: j’en ai fait une provision. Quand le silence m’étouffe, j’ouvre la radio et m’arrivent d’une planète lointaine des voix que je comprends à peine: ce monde a son temps, ses heures, ses lois, son langage, des soucis, des divertissements qui me sont radicalement étrangers.
Trois types d’écriture différents pour ces nouvelles, mais un style épuré tel un journal intime nous fait rentrer dans les blessures douloureuses de ces épouses. « Monologue », la seconde nouvelle est un réquisitoire violent à l’encontre du monde entier, peut-être celle que j’ai eu le plus de mal à apprécier.
Une photographie toujours d’actualité. Bien que j’ai ressenti un peu de suranné dans les descriptions et le contexte bourgeois des années 60/70. mais l’amour reste toujours présent et bien qu’immuable prend de sacré gadins. Mais Beauvoir prévient, sensibilise sur les dangers de l’immobilisme mental et de la dépendance affective.
J’étais faite pour une autre planète je me suis trompée de destin…
Un grand moment de lecture, très fort émotionnellement.
Une réflexion sur « La femme rompue de Simone de Beauvoir »