Park Life de Yoshida Shuichi

Park life de Yoshida Shuichi

Park Life est le parc de Hibiya, celui-ci est situé en plein coeur de Tokyo. Dans « Park Life » il ne faut pas chercher une intrigue, un pourquoi, ni un comment. Park Life n’est que le lieu ou le narrateur héros va se retrouver, rencontrer des inconnus. Microcosme de la société qui le cerne.

Le narrateur est observateur , il narre avec humour des éléments qui l’entourent,  ses promenades dans le parc avec Lagerfeld (un singe dont il a la garde), une dame qui nourrit les pigeons, l’homme avec l’aérostat rouge.  Mais également ses rencontres – avec une femme dans le métro, les échanges qu’il a avec M Kondô, collègue senior à l’entreprise ( à la recherche de la sensation de vertige).  Tout un microcosme de vie plus ou moins anonyme mais apaisant.

Puis j’ai tourné mon regard vers le milieu du square. Une dame, nouvelle venue au parc, se tenait là, visage livide. Elle avait dû acheter de la nourriture en sachet plastique à une échoppe. Peut-être avait-elle voulu la disperser d’un geste gracieux aux pigeons qui approchaient à ses pieds, mais ceux du parc de Hibiya n’ont pas reçu une éducation aussi policée. Elle se retrouvait cernée par une centaine de pigeons féroces. Au beau milieu du square, les pigeons dessinaient un motif à forme humaine.

Le narrateur s’interroge aussi sur l’anatomie, les dons d’organe, CryoLife, sur Léonard de Vinci, également un marchand de couleurs qui fait surtout des petits articles d’antiquité : » un couple humain en modèle réduit (…) au tronc bien ouvert et plein à craquer de viscères imités dans le moindre détail »

Seul l’extérieur de l’individu est sien, tout l’intérieur est propriété commune de l’espèce humaine. C’est tout à fait le contraire pour un immeuble : l’intérieur est propriété privée, mais l’extérieur est propriété commune.

Le rapport au corps et à son intérieur est assez étrange, on ressent un besoin du narrateur à cultiver son corps, à provoquer des comparaisons, le corps, l’habitant, la ville …

Cela dit, si on expose son corps au soleil, est-ce que la lumière ne traverse pas la peau ? L’image de l’aérostat rouge m’est soudain revenue. Une fois décollé du square, il s’élève à vue d’œil et surplombe l’ensemble du parc. Vu d’en haut, avec sa forme oblongue, le parc ressemble tout à fait à un thorax humain. La mare de Shinji, de par sa forme, tient la place du cœur. Au départ de Sakuramon, l’allée de ginkgos s’allonge en serpentant comme l’œsophage, traverse ensuite le pré correspondant à l’estomac et, de même que l’intestin, serpente sinueusement à l’endroit de la bibliothèque de Hibiya. Du coup, Chûkômon, c’est l’anus. Il y a la vessie, qui a la forme de la salle des congrès de Hibiya. La mare d’Unkei est le foie. Le second parterre, c’est le pancréas. Du haut du ciel, on voit rôder dans le parc de petites silhouettes humaines. Nombre de gens empruntent les allées, traversent le square et sortent par les différentes issues. La foule ruisselle du parc comme la sueur.

Petit roman,  plutôt déconcertant mais très agréable à lire.  C’est une promenade  poétique qui nous emmène à la découverte de ce parc de Hibiya, avec un petit plus.

L’édition Philippe Picquier comporte également une postface de Gérard Siary qui nous offre un autre prisme de lecture de ce roman.

Divers

  • Titre original : Park Life, 2002
  • Editions Philippe Picquier, 2007
  • Traduction du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima Siary
  •  Prix Akutagawa – 2002

3 réflexions sur « Park Life de Yoshida Shuichi »

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