Le vrai monde de Natsuo Kirino

Le vrai monde de Natsuo Kirino

 

Banlieue de Tokyo. Quatre jeunes filles, Toshiko, la sérieuse, Terauchi, la douée, Yuzan, la paumée et Kirazin la fêtarde, passent un mois d’août horriblement lourd et studieux dans une école spécialisée dans le bachotage lorsque, un matin, Toshiko entend du bruit dans la maison d’à côté.  Le garçon, voisin d’une des filles, que tout le monde appelle ‘le lombric’ (the worm dans la traduction Anglaise) a frappé sa mère à mort avec une batte de baseball et s’est enfuit avec le vélo et le téléphone portable de Toshiko.

Le téléphone portable est un des éléments clé, il relie le jeune meurtrier à ces quatre  filles. Il va les entraîner dans sa fuite, il s’ensuit alors des interactions entre chacune de ces filles. Aucune des adolescentes ne le repousse, elles sont chacune intriguées par ce héros ( ou antihéros ici). Chacune d’entre elles possédant une raison cachée et sombre qui la pousse à aller vers ‘le lombric’  . On plonge dans la psychologie de chacun de ces personnages  et de leur malaise : système éducatif, société mercantile, relations parentales…

Ce meurtre, ou la rencontre avec le meurtrier va être un accélérateur à leur malaise, les transformer à tout jamais dans le monde adulte et révéler leur noirceur.

« -Pourquoi tu l’as tuée ?
-Je ne sais plus très bien. De toute façon, mes raisons n’ont aucune importance. Je me suis énervé, c’est tout. Ce qui est vraiment important, c’est qu’une expérience puisse nous entraîner dans un autre monde, et qu’on doive y vivre sa vie. Dans cet autre monde. Et aussi ce qu’on pense de celui qu’on a laissé derrière soi. Vois-tu ? »

Troisième roman de Natsuo Kirino que je lis, après Out et Monstrueux/Grotesque. On retrouve des points communs avec les autres romans de cette auteure. Le déroulement se place sous un oeil strictement féminin. On retrouve la thématique des adolescents du bachotage (Monstrueux), des relations parents-enfants, enfin plutôt du clash et de l’incompréhension qui règne entre ces deux générations. Un cliché de la société japonaise et de ces jeunes isolés, solitaires, perdus.

Perso. j’aurais préféré que la traduction de ‘the worm / le lombric’ se fasse par ver ou asticot. Ce qui représenterait la forme larvaire de l’adolescent avant le passage à sa forme adulte. Car c’est une métamorphose qui s’opère sur chacun de ces personnages qui vont passer dans l’âge adulte, dans un monde sans retour.

Ce n’est pas encore un thriller comme dans ‘Out’, mais un roman noir. On ne parle pas de l’enquête,  on s’attache en profondeur à chacun des adolescents. Chacune des adolescentes prêtant sa voix dans le sombre récit.

Un bémol, et pas des moindres est, que ce roman est une traduction de l’Anglais et non du Japonais.

Polar lu dans le cadre du challenge Polar 2017 2018 hébergé chez Sharon .

Novel read for the Japanese Literature Challenge 11 from Dolce Bellezza

Divers :

  • Titre original : Riaru wārudo, 2003
  • Titre Anglais : Real World, 2008
  • Traduction du Japonais par  Philip Gabriel
  • Traduction de l’anglais par Vincent Delezoide
  • Edition Seuil, 2010, collection : Thrillers

9 réflexions sur « Le vrai monde de Natsuo Kirino »

  1. Ce roman à l’air super étrange! J’avais lu un recueil de nouvel japonais il y a quelques années d’une femme mariée à un homme tronc et c’était tout aussi bizarre…Mais du coup dans ton article tu dis pas trop si tu as aimé ou pas? Ça m’intéresse =)

    Aimé par 2 personnes

    1. Un homme tronc, ce ne serait pas un roman de Ranpo Edogawa : ‘la chenille’ ?
      J’ai aimé, j’apprécie l’auteure. De plus c’est assez singulier comme polar. On touche la part obscure des lycéennes qui vont côtoyer le fugitif : un mimétisme social !?!

      Aimé par 2 personnes

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