Kenji, jeune homme d’une vingtaine d’année de Tôkyô, il occupe la profession de guide touristique de façon clandestine dans le milieu underground de la capitale. Il entraîne ses clients de bars à hôtesses à lingerie pub et salon de message, bref le fin du fin de l’initiation à la vie nocturne de quartiers comme le Kabukicho. Ici, il guide un certain Franck dans ces quartiers chauds. Un touriste américain pas comme les autres
Je m’appelle Kenji. (…) J’ai tout juste vingt ans, et mon anglais est loin d’être impeccable, mais je travaille comme guide pour touristes étrangers, et comme la plupart du temps il s’agit simplement de les escorter dans des bars louches, un anglais parfait n’est nullement nécessaire.
Kenji va faire découvrir à Franck : Bars à hôtesses, bar à hôtes, bars pour voyeurs, strip-tease, massages sexuels, services directs à l’hôtel, clubs sado-maso, établissements pour gays ou lesbiennes. Tout l’univers underground de Tokyo.
Mais Franck n’est pas exactement un touriste en soif de plaisir ordinaire, Pour Kenji l’image qu’il en a des américains , « c’est qu’ils sont francs et assez naïfs. En revanche, ils ne peuvent pas se figurer qu’on puisse avoir un sens des valeurs différent du leur – en ça, ils ressemblent pas mal aux Japonais – et ils ont la mauvaise habitude de vouloir imposer à tout le monde ce qu’ils trouvent bon pour eux. », mais l’image de Franck va se modifier eu à peu, jusqu’à faire peur à Kenji. Les médias annoncent des meurtres, existe-t-il un lien ? Il le soupçonne de délits mais sans être sûr. Mais Kenji semble hypnotisé par le gaijin, jusqu’à devenir son ami. Mais cela va mener à un paroxysme de violence.
« In the Miso soup » pour reprendre le titre original, est plus qu’un thriller ou un polar, Franck va jouer le rôle de révélateur aux yeux de Kenji. Réflexion sévère sur la société japonaise, la perte de ses repères de la jeunesse : solitude, monde virtuel, consumérisme sans fin, ennui…Mais c’est aussi l’incompréhension de la culture. L’incompréhension des autres pays face à la culture japonaise, mais aussi ce réciproque. On pourra faire un parallèle avec éloge de l’ombre de Tanizaki, on retrouve l’intoxication de la culture par celle des gaijins occidentaux. Errance de la jeunesse du Japon dans une culture qui n’est plus tout à fait la sienne et qui a perdu ses repères.
Murakami Ryu nous offre du cocktel de violence, sexe et de désespoir dans cette Miso soup. A déguster, mais avec modération !!
Extraits :
- La frontière entre la normalité et la folie devenait floue. Je ne savais plus ce qui était bien, ce qui était mal. C’était angoissant mais en même temps je ressentais une sorte d’étrange sentiment de libération inconnu jusqu’alors. Je me sentais enveloppé d’une sorte de gelée visqueuse où se fondaient les limites de moi et autrui, où je n’avais plus besoin de penser à toutes ces choses compliquées dont la vie était remplie.
- Ce n’est pas facile de vivre normalement. Les parents, les professeurs, l’État, tout le monde nous enseigne comment mener une vie fastidieuse d’esclave, mais ils ne nous apprennent jamais ce que c’est qu’une vie normale.
- Il y a un tas de choses qui nous paraissent aller de soi au Japon mais qui restent incompréhensibles aux étrangers, quelles que soient les explications qu’on leur donne.
- Un cœur soupçonneux voit des démons partout, comme dit le proverbe.
- Quelque chose de blanc pendait du sexe de la fille numéro cinq, entre les poils de son pubis : le fil d’un tampon hygiénique. C’était la première fois de ma vie que j’en voyais un d’aussi près. Désormais, cette fille n’aura plus besoin de Tampax, pensai-je. Le fil blanc qui pendait entre ses poils était le symbole même de sa mort.
- La plupart des prostituées japonaises vendent leur corps non par besoin d’argent, mais pour échapper à la solitude.
Divers:
- Titre original : In the Miso Soup , 1997
- Prix Yomiuri
- Editeur : Picquier Poche, 2003
- Traduit par Corinne Atlan
- Note : ●●●●○
J’hésite depuis longtemps de lire Murakami Ryu, j’ai peur de lire du sous Bukowski… Il va falloir que je me lance.
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne connais pas assez Bukowski pour faire des comparaisons, par contre je viens de terminer « Chansons populaires de l’ère Showa », qui est sur la même thématique : violence et jeunesse désabusée. Romans, qui sont Peut-être à remettre dans le contexte de l’époque.
J’avais lu Ectasy, premier d’une trilogie que j’avais apprécié ( Sur la sexualité ‘déviante’, drogue , … ).
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci. Je vais bientôt tenter « Miso Soup ». Je te dirais ce que j’en pense…
J’aimeAimé par 1 personne
Une ambiance particulière mais que tu vends très bien. Je n’ai jamais lu cet auteur, pourquoi pas commencer par celui-ci.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci, Pour l’instant, je trouve que c’est un des meilleurs de Murakami. Mais je compte continuer à découvrir cet auteur.
Tu me donneras ton avis.
J’aimeJ’aime
J’ai lu plusieurs romans de cet auteur. Parfois, il est capable d’une vraie douceur, comme dans Kyoko. Certes, le roman aborde des thèmes difficiles, mais l’espoir est vraiment au bout de la route.
J’aimeJ’aime
Je le note,car pour ceux que j’avais lu la thématique était relativement proche.
J’aimeJ’aime